Tout ce qui brille n'est (malheureusement) pas en Or - Investir dans une Start-up c'est la même chose!
L'essentiel en 1 minute :
- 90% des start-up se loupent.
- Ou investir et comment?
- Mes critères de choix no-bullshit pour appuyer sur la gachette de l’investissement.
- Cherche une raison de ne PAS investir plutôt que le contraire.
Dans cet article, on décortique rapidement ce que c’est qu’une start-up, et ensuite tu peux apprendre ma méthodologie pour investir dans ces sociétés prometteuses (ou pas!)
Comme souvent, petit disclaimer avant de commencer :
Je ne suis pas conseiller en investissement, cet article n’est pas une recommendation d’investissement, juste un retour d’experience personelle à but éducatif.
Investir dans une start-up comporte des risques à évaluer de manière détaillée, dont principalement la perte totale ou partielle de son capital : attention à vous!
Savoir dans quoi on s'embarque quand on investit dans une Start-up
Une start-up, c’est quoi ?
Ce terme fourre-tout, surtout depuis les années 2000, veut souvent dire tout et n’importe quoi.
Clarifions : une start-up est une idée, matérialisée par une entreprise, nouvelle, innovante, et à fort potentiel de croissance.
Les Américains appellent ce genre d’investissement « High-risk / High-reward » (gros risque / grosse récompense).
En gros, l’idée peut tout révolutionner et finir par inonder le marché.
Prenons l’exemple d’Uber. Si en 2003, on avait réuni le syndicat des taxis de New-York et leur avions dit qu’à travers une application novatrice, il serait bientôt possible de commander son taxi et que cela deviendrait le plus gros concurrent des taxis indépendants, ils auraient sûrement bien rigolé.
La réalité est que cela est arrivé.
Mais qui aurait misé sur Uber si l’idée avait été présentée ? A posteriori, tout le monde investit dans une start-up prometteuse. En réalité, sur le moment, pas grand monde, à part quelques originaux, visionnaires, et requins à l’oeil vif.
J’ai récemment lu la liste des gens qui ont investi au stade Seed (le premier stade d’investissement dans la vie d’une société), et l’un d’eux a investi 5000 dollars en 2009, qui se sont transformés en plus de 24 millions de dollars plusieurs années après… Pas mal.
Donc, comment faire pour pouvoir investir sur des futurs projets de cette manière ?
Pourquoi c'est risqué?
90% des Start-ups se loupent.
C’est à dire qu’elles disent « merci, au revoir » et votre investissement vous dit exactement la même chose.
Pourquoi? Parce que la concurrence est rude, parce qu’il faut aussi avoir de la chance, une équipe diverse et soudée, un environnement économique, social et légal favorable… et encore plein d’autres paramètres.
Sur le papier, une idée de business peut paraitre incroyablement bonne, novatrice, adéquate, dans l’air du temps, mais finir aux oubliettes très rapidement, pour une foule de raisons, comme par exemple : l’argent qui s’épuise, le fait d’être sur le mauvais marché, un manque de recherche préalable, de mauvais partenariats, un marketing inefficace et de ne pas être un expert du secteur.
Voici une liste non-exhaustive des raisons pour lesquelles une start-up se loupe le plus souvent :
Manque de validation du marché : L’un des plus grands risques pour une startup est de créer un produit ou un service pour lequel il n’y a tout simplement pas de demande. Il est donc crucial de valider le marché avant de lancer une startup.
Mauvaise gestion des finances : Les startups peuvent facilement se laisser emporter par les investissements et les dépenses excessives, ce qui peut entraîner une perte de contrôle sur les finances et finalement conduire à l’échec.
Inadéquation produit-marché : Il est essentiel de comprendre les besoins et les désirs du marché cible et de concevoir un produit qui y répond.
Concurrence féroce : Les startups se heurtent à une concurrence féroce, même dans des niches apparemment non concurrentielles. Il est donc important de comprendre l’environnement concurrentiel et de se différencier.
Manque de focus : Les startups peuvent facilement se disperser en essayant de résoudre trop de problèmes à la fois. Il est important de rester concentré sur un objectif spécifique.
Absence d’une équipe compétente : Les startups ont besoin d’une équipe compétente et diversifiée pour réussir. Une équipe mal alignée ou qui ne travaille pas bien ensemble peut conduire à l’échec.
Manque de financement : Les startups ont besoin de financement pour se développer, et le manque de financement peut entraîner des problèmes de croissance et finalement conduire à l’échec.
Problèmes juridiques : Les startups doivent respecter les lois et réglementations en vigueur. Les erreurs juridiques peuvent coûter cher et même faire fermer la startup.
Faible acquisition de clients : Les startups doivent avoir un plan solide pour attirer et fidéliser les clients. Une acquisition de clients insuffisante peut rendre la croissance difficile.
Mauvaise communication : Les startups doivent communiquer efficacement avec les clients, les investisseurs et les membres de l’équipe. Une communication inadéquate peut entraîner des problèmes de confiance et finalement conduire à l’échec.
S'immiscer dans l'univers des start-ups
J’utilise le site CrowdCube, qui est une bonne référence en Europe.
Ce site permet de lire le pitch (la proposition, l’idée) des entreprises qui recherchent des fonds et permettent aux investisseurs de miser sur eux, à travers CrowdCube qui prend une commission des deux côtés.
Le site est très bien fait et très accessible.
Je commence souvent par regarder les investissements disponibles sur la page d’accueil.
Puis j’applique ma méthodologie. Je vous décris ma façon de faire avec un exemple réel.
Ma méthodologie pour investir dans une start-up avec un exemple réel : SherpR
Je regarde d’abord le pitch : la présentation de l’idée en vidéo ou en texte. Est-ce que l’idée résonne en moi ?
Est-ce que j’utiliserais un tel service ? Est-ce que je recommanderais ce service à quelqu’un ? Quelle sensation me procure l’idée ? (si je sens qu’on me règle un problème sérieux ou que je me sens rassuré, c’est bon signe).
Pour le coup j’aime bien l’idée de SherpR. Qui n’a jamais pesté sur les tarifs exorbitants des bagages en avion, surtout depuis la fin de la pandémie?
La Team dirigeante : j’accorde beaucoup d’importance à la composition de l’équipe.
Qui sont les founders ? Investisseurs ? Membres du Board ? Quelles sont leurs expériences, forces, faiblesses, complémentarités ? Quels sont les risques qu’ils ne voient pas qu’ils sont dans l’erreur ?
Exemple : une société comme Spotify dont l’équipe ne contient pas de professionnels de la licence musicale et des droits d’auteurs aura forcément des “blinds spots” qui signent généralement la stagnation, donc la mort d’une start-up.
Il est aussi important de laisser parler mon feeling et mon ressenti quant à la “gueule” des membres : est-ce qu’ils m’inspirent confiance ? Le côté roublard du CFO me fait ressentir de la méfiance ?
L’inconscient communique souvent des choses vraies, c’est un fait.
Documents financiers : généralement, l’accès aux comptes et projections est restreint. Il faut juste en faire la demande qui est accordée souvent très rapidement.
Savoir différencier ce qu’il faut regarder et ce qu’il faut ignorer est pour moi la base des bases. On oublie les projections enthousiastes si ce n’est pas backé par du sérieux.
Donc, quoi regarder dans les documents financiers ? Les chiffres, les chiffres et les chiffres. Est-ce que l’entreprise me prouve qu’elle sera rentable rapidement ? L’entreprise est-elle dans un océan bleu ou rouge ? Concurrence déjà établie ou nouveau marché (donc pas ou peu de concurrence ?) Si il y a des concurrents, proposent-ils exactement la même offre ou service ? Quels sont les avantages stratégiques de l’entreprise ?
Quel est le plan de l’entreprise pour arriver au marché ? A-t-elle une stratégie bien définie qui répond à la vision d’ensemble ? Un capitaine dans un bateau dit “on va là-bas” mais derrière tout le bateau bosse pour aller dans ce sens-là. C’est l’invisible et le plus dur. Quelle est donc la stratégie de la boite pour y arriver? Plus il y a de détails, mieux c’est.
Quelle est l’augmentation du CA depuis la création ? Je recherche une croissance du chiffre d’affaires à 2 chiffres minimum. Une start-up doit grossir vite ou souvent mourir.
Que va faire l’entreprise avec mon investissement ? J’attends des détails chiffrés, plus le temps ni le moment de parler de vision d’ensemble ou alors backée avec du réel.
Exemple : Répartition de l’investissement dans différents services de l’entreprise (marketing, ventes, B2B partenariats) ou alors chiffres clés (recrutement de 10 commerciaux payés tant, donc rentables à cette date X).
Cette question ne signifie pas que je me précipite sur les nouvelles technologies ; au contraire, je me rappelle souvent la citation de Warren Buffet, qui n’investit jamais dans la tech ou dans la « next big thing » car il ne comprend tout simplement pas à quoi cela sert !
En plus, les chiffres lui donnent souvent raison.
Qui est la concurrence si elle est là? Ouvrir un marché novateur c’est long, risqué et coûteux, alors que imiter est beaucoup plus rapide, moins risqué et souvent moins onéreux. A digger.
Les investisseurs posent souvent des questions sur la plateforme CrowdCube, qui est bien structurée. Il est possible pour n’importe quel utilisateur de poser des questions aux responsables ou aux fondateurs de la boîte dans laquelle ils souhaitent investir, ou simplement d’éclaircir des détails.
Je pose souvent des questions aux fondateurs sur des points que je trouve importants et qui, selon moi, peuvent poser problème à la croissance de l’entreprise. Les fondateurs répondent souvent très rapidement, en argumentant et en donnant des détails.
C’est important pour connaître la mentalité d’une entreprise.
Quelle part de l’entreprise m’est proposée en équité ? C’est-à-dire, quel poids aura mon investissement dans les parts de la société ? Par exemple : SherpR demande 750 000 £ au total, ce qui représentera environ 7% de son capital social. C’est à prendre en compte.
Quel type de deal me propose-t-on ? Des notes convertibles (je prête de l’argent à la boîte sans recevoir d’actions ou de parts en retour, car les termes seront fixés plus tard, généralement au moment d’un tour de financement, de type série A) ou de l’équité (on me rétribue directement en actions/parts de l’entreprise) ?
Ces deux systèmes ont leurs avantages et inconvénients.
Personnellement, je préfère l’équité pour savoir où je mets les pieds et à combien j’ai droit en termes de parts.
Je préfère l’équité à la note convertible, mais tous les termes doivent être révisés et lus. Parfois, cela peut être plus rentable de prendre des notes convertibles, car les entreprises offrent des intérêts ou des rabais sur les achats d’actions à venir.
Il faut creuser et chercher des informations, mais cela ne m’empêche jamais d’investir si je suis arrivé jusqu’ici.
Combien vais-je investir ? J’ai une règle qui consiste à ne jamais accorder plus de 5% aux startups dans mon portefeuille, car ce sont malgré tout des investissements à très haut risque de perte totale du capital.
J’ai donc établi mon niveau de tolérance avant de m’engager à lire des pitchs.
Cette discipline est importante pour éviter de faire n’importe quoi avec ses investissements ou de tomber dans l’investissement « coup de cœur ».
Conclusion : être mesuré et voir ses limites
Tout comme au poker (qui est un de mes backgrounds), je cherche une bonne raison pour me coucher plutôt qu’une bonne raison de jouer.
Aucun de mes investissements n’est forcé ou dicté par la FOMO (peur de louper un gros truc).
Quand je mise, je le fais dans les limites que je me suis fixées au préalable.
J’espère que cet article vous a plu.
J’écris des articles et j’enregistre des podcasts sur plein de sujets tels que l’investissement, la nutrition ou l’entrepreunariat.
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